L’enfant dyslexique
Défini comme un trouble spécifique de l’apprentissage (TSA), la dyslexie est un déficit du langage écrit, souvent associé à un retard de lecture, des problèmes de comportement, de l’anxiété et des difficultés sur le plan social. Il existe plusieurs formes de dyslexie, la plus courante étant la « dyslexie phonologique », suivie par la dyslexie dite « de surface », appelée aussi « dyslexie dyséidétique » et enfin, la « dyslexie mixte ». Certaines de ces formes peuvent s’accompagner de gênes cognitives et de troubles linguistiques, plus ou moins sévères, selon les enfants. Tous les symptômes de la dyslexie peuvent bénéficier d’une prise en charge adéquate afin de rendre la vie de l’enfant, qui en est atteint, moins pénible et plus facile.
La dyslexie phonologique
Appelée également « dyslexie dysphonétique », la dyslexie phonologique est la forme que l’on rencontre le plus fréquemment chez les enfants. Près de 70% d’entre eux en sont atteints. Ils ont du mal à orthographier et ont des problèmes pour différencier et mémoriser les sons qui correspondent aux syllabes. Ils reconnaissent les mots mais ne peuvent en analyser les éléments constitutifs. Incapables de déchiffrer les graphèmes (lettres ou combinaison de lettres), par exemple « o, au, eau » et les phonèmes (sons capables de produire un changement de sens), par exemple, « lampe, rampe, tempe », leur capacité en lecture en est aussi grandement altérée. Un enfant atteint de dyslexie phonologique peut ne pas éprouver de difficultés à lire des mots connus mais être incapable de faire de même avec des mots nouveaux ou inhabituels. Cette déficience l’amène à une incapacité à ordonner les lettres, les syllabes et les mots, à ne pas pouvoir différencier des graphèmes visuellement proches, des phonèmes phonologiquement proches ou encore des mots morphologiquement proches. Du coup, il utilise des stratégies de compensation mais le problème demeure.
La dyslexie dyséidétique
Appelée également dyslexie de surface ou lexicale, cette forme de dyslexie concerne 10 à 30% des enfants atteints de ce trouble. Elle n’est pas isolée et s’accompagne toujours d’une dyslexie phonologique ou visuo-attentionnelle. Au niveau théorique, la dyslexie dyséidétique se manifeste par des difficultés de mise en place de la stratégie de l’orthographe et une difficulté à reconnaître les mots dans leur globalité. L’enfant n’arrive pas à voir le mot écrit dans sa tête, il ne voit qu’une suite de lettres, éprouve de l’embarras devant les mots irréguliers autant qu’il a du mal à les épeler (Château-Chato, Eléphant-Eléfan). Dans cette forme de dyslexie, l’enfant a aussi du mal à apprendre les tables de multiplication.
La dyslexie mixte
Concernant 20 à 30% des dyslexiques, la dyslexie mixte associe les deux formes de dyslexie précédemment citées avec une réelle difficulté à traiter les sons, ajoutés à des troubles de la mémorisation des mots entiers et à leur accès au sens. Dans ce type de dyslexie, considérée comme la plus handicapante, l’enfant n’arrive pas à compenser et peut présenter une déficience de la mémoire auditive ainsi qu’une déficience de la mémoire visuelle pouvant elle-même entraîner, à son tour, une dysorthographie plus ou moins sévère. Cette forme de dyslexie peut également provoquer une « alexie », appelée aussi « cécité verbale » qui est un véritable trouble sensoriel ayant des conséquences sur les capacités cognitives et donc sur la compréhension du langage écrit, sur la transposition audio-phonatoire ainsi que sur la lecture.
Comment reconnaître la dyslexie ?
Difficilement repérable avant la durée d’au moins un an d’apprentissage de la lecture, la dyslexie peut néanmoins être repérée sans être confirmée dès les premiers mois de cet apprentissage. Quelques signes peuvent éveiller l’instituteur quant aux difficultés pressenties chez l’enfant :
Une mauvaise tenue du crayon.
Un refus d’écrire, exprimé ou non par l’enfant.
Une écriture illisible ou peu soignée.
Un langage tardif.
Une difficulté à apprendre des mots nouveaux et à reconnaître les lettres.
Des problèmes pour construire les phrases.
Des troubles de la mémoire immédiate.
Des difficultés, voire une impossibilité d’écrire son prénom.
Un mauvais repérage dans l’espace.
Les signes de la dyslexie à l’école primaire
Des soucis de compréhension par rapport aux autres enfants.
Une écriture lente.
Des troubles attentionnels.
Un manque de concentration.
Des difficultés pour différencier certains mots proches ou certaines lettres qui peuvent se ressembler, comme par exemple, le « b » et le « d » ou le « p » et le « q ».
Une impossibilité à répondre à plusieurs demandes à la fois.
Problèmes avec les mots inconnus pour les découper en plusieurs syllabes ou les épeler.
Des problèmes également de coordination et de motricité.
Des difficultés de mémorisation pour les jours de la semaine ainsi que pour l’alphabet.
La prise en charge et le diagnostic de la dyslexie
Au-delà de la consultation médicale recommandée par l’enseignant, l’enfant dyslexique est la plupart du temps orienté par le médecin de famille vers un orthophoniste, un orthopédagogue et un psychologue. De nombreux centres spécialisés dans ce type de troubles existent un peu partout en France et dans les différentes régions, appelés Centres de Références des Troubles de l’Apprentissage (CRTDA), et sont largement compétents pour porter un diagnostic de dyslexie. Ces équipes sont, en plus, souvent composées de spécialistes en neuropédiatrie et en ergothérapie pouvant être très utiles dans certaines situations où la dysphasie s’accompagne de troubles de la motricité fine ou globale.
Les tests globaux à faire passer aux enfants
Dans la prise en charge de la dyslexie, on proposera en premier de faire passer aux enfants différents tests globaux portant sur les fonctions cognitives (concentration, attention, mémoire), le langage et la lecture. De très bons outils de dépistage sont actuellement utilisés pour évaluer à partir d’un petit texte, le temps que met l’enfant à lire, le nombre de ses erreurs et mesurer ainsi le degré de gravité de son trouble. L’excellent test « Odedys » et le test du « Poucet » permettent, à cet effet, de rechercher la présence d’un trouble phonologique ou visuo-attentionnel ou les deux, dans le cas d’une forte dyslexie.
Les examens complémentaires
Dans le cadre d’une suspicion de dyslexie, on procédera à un examen ophtalmologique complet pour évaluer la vision de l’enfant et apporter une correction si nécessaire. Un bilan ORL également sera prescrit pour détecter d’éventuels troubles de l’audition pouvant interférer dans la dyslexie. Enfin, un bilan orthoptique évaluera les capacités motrices de la vision de l’enfant et de mesurer, en cas de mouvement désordonnés et involontaires des yeux, l’altération de ses repères et les répercussions sur son travail lorsqu’il se concentre. Un bilan neurologique peut aussi être réalisé suivant les cas.
Tous ces examens permettent d’écarter d’autres paramètres pouvant être à l’origine des difficultés de lecture et d’écriture. Une fois tous ces tests effectués, la dyslexie sera confirmée ou non.
Comment aider l’enfant dyslexique ?
Reconnu comme un véritable trouble durable de l’apprentissage, la plupart du temps pris en charge de façon urgente par des mesures d’accompagnement et d’aménagement, la dyslexie doit pourtant interpeler l’entourage sur d’autres aspects moins évidents, mais bien présents quand même, dont les conséquences ne sont pas à négliger. Et cela se passe sur trois plans qui sont, l’aspect physique, l’aspect émotionnel et l’aspect parascolaire. Afin d’éviter, prévenir et remédier à l’échec.
Sur le plan physique
La plupart des enfants qui souffrent de dyslexie, que celle-ci soit de la dyslexie pure, de la dyspraxie, de la dysphasie, de la dysorthographie, de la dyscalculie ou de la dysgraphie, ont des problèmes d’intestin. Vérifié scientifiquement par des médecins spécialistes en neurologie et en nutrition ayant pu observer pendant de longues années des enfants dyslexiques, il a été reconnu que ces derniers souffraient du « syndrome entéro-psychologique », trouble digestif plus ou moins sévère selon les enfants, se manifestant, soit par des ballonnements, des coliques ou des diarrhées, soit par des constipations, des flatulences, voire de la malnutrition, ayant certains symptômes les uns après les autres, ensemble ou en alternance. Des manifestations dont il faut tenir compte, surtout chez les petits. Il a notamment été remarqué que cette fragilité du système digestif s’aggravait avec certains aliments ayant comme conséquence directe, d’aggraver à son tour le trouble de l’apprentissage. C’est le cas, par exemple, des glucides transformés que l’organisme du dyslexique ne peut métaboliser, les glucoses fermentés dans le corps se transformant en alcool, intoxiquant le cerveau et ses capacités neuronales.
Aide à apporter à l’enfant dyslexique sur le plan émotionnel
Le premier conseil à donner à l’entourage familial et aux enseignants est de communiquer avec l’enfant dyslexique et d’essayer de comprendre ce qu’il ressent même s’il ne montre rien. Avec ces enfants en difficulté, il s’agit d’être très vigilant et de faire attention à ses propres réactions afin de ne pas le blesser lors de ses incapacités et face aux problèmes qu’il rencontre. Les enfants dyslexiques sont hypersensibles et fragiles émotionnellement, il faut donc être prudent dans ses remarques et ses gestes pour éviter d’aggraver son problème.
En dehors des activités scolaires
Déjà en difficulté dans les activités scolaires, l’enfant dyslexique est aussi mis à mal à cause de son trouble dans les activités extra-scolaires que celles-ci soient sportives ou non. Il faut donc veiller à le considérer comme les autres même s’il ne l’est pas tout-à-fait et lui permettre d’accéder au foot s’il le désire, au théâtre ou à la musique mais dans tous les cas, ne pas aggraver son trouble en lui interdisant ces activités sous prétexte « qu’il ne serait pas capable de… ! »
Aide à apporter à l’enfant dyslexique sur le plan extra-scolaire
Pour le bien-être de l’enfant dyslexique et surtout pour ne pas aggraver les conséquences émotionnelles du trouble de l’apprentissage, il importe, en premier lieu, de ne jamais cloîtrer un enfant dyslexique chez lui. Ni de le coller devant la télé ou les jeux vidéo pour l’empêcher d’aller à l’extérieur, c’est la plus grosse erreur à ne jamais faire. Il faut, au contraire, le pousser à s’investir dans une activité ou une passion et pour cela, le questionner sur ce qu’il aimerait faire sans lui dire surtout qu’il n’en est pas capable. Cela peut être :
- Le théâtre, très bénéfique pour lui donner confiance en lui et le pousser à renforcer son lien social.
- La danse pour lui permettre de s’exprimer par le corps.
- Les sports d’extérieur (vélo, trottinette, patins roulettes, skate…) qui vont le pousser à bien dépenser son énergie.
- Intégrer une équipe de foot ou de volley-ball.
- Apprendre le judo.
- Faire tout simplement de la gymnastique en salle, le corps étant le prolongement de l’esprit, il pourra extérioriser ce qu’il ressent et qu’il n’arrive pas forcément à formuler.
- Enfin, jouer d’un instrument : piano, guitare, violon, batterie…